Le fleuret, l'Epée et le Sabre vus par d'anciens champions
Brice Guyart, : le fleuret. "C'est une arme d'estoc."
On touche l'adversaire avec la pointe et la cible est le tronc et le dos. C'est une arme de convention, c'est-à-dire que contrairement à l'épée où le premier qui touche marque le point, il faut gagner la priorité, soit en attaquant soit en effectuant une parade, pour reprendre la priorité et à son tour riposter", détaille-t-il.
Le rôle de l'arbitre est donc important en fleuret : "Comme l'appareil électrique ne détermine pas qui a la priorité. L'arbitre est là pour décrypter la phrase d'armes et donner le point à celui qui a la priorité". Le fleuret est aussi l'arme de l'apprentissage. "Comme elle a la cible la plus réduite des trois armes, elle permet de travailler la précision chez les jeunes et la coordination des bras et des jambes", affirme Guyart.
Pour le champion olympique d'Athènes, Le fleuret est vraiment "une arme de précision". "Il faut réussir à imposer un rythme physique éprouvant pour l'adversaire mais en gardant la finesse de la touche avec la pointe. Contrairement au sabre, où l'on peut faire un peu n'importe quoi, il faut rester sobre pour marquer le point, sinon c'est la punition directe", explique-t-il.
Eric Strecki, l'épée."C'est l'arme de duel."
Toute la surface du corps est valable pour une touche, nous dit l'ancien Directeur technique national de l'escrime française et champion olympique en 1992.
Il n'y a pas de convention à respecter, pas de priorité donnée à l'attaque. La seule vérité, c'est d'allumer la lampe pour marquer un point et si les deux adversaires allument la lampe dans le même vingtième de seconde, chacun marque un point", explique-t-il.
"Contrairement au fleuret et au sabre, où l'attaque est une évidence puisque ne pas attaquer est prendre un risque en laissant cette initiative à l'adversaire, à l'épée l'attaque est une vraie prise de risque, puisqu'on se découvre tout.
autant qu'on menace l'adversaire", analyse le champion olympique de Barcelone..
Pour Srecki, un bon épéiste se caractérise par des qualités "d'endurance et d'explosivité". "Pour être épéiste, il vaut mieux être grand, avoir les bras longs et savoir être patient. Car même si on attaque peu, au moment où on le fait, il faut le faire très vite pour surprendre l'adversaire", conclut-il.
Jean-François Lamour, "Le sabre est la seule arme qui permet de toucher avec la taille."
Ancien ministre des sports et double champion olympique en 1984 et 1988, présente son arme, le sabre. On touche avec le tranchant de la lame (la partie valable est tout ce qui est en haut de la ceinture). On peut porter des coups en diagonale, alors qu'au fleuret et à l'épée on ne peut toucher qu'avec la pointe", raconte-t-il. "Pour résumer, c'est un peu l'arme des flibustiers ou de Zorro", avance le héros de Los Angeles et de Séoul.
Selon Lamour, un bon escrimeur au sabre est "celui qui sait surtout bien attaquer". "La priorité à l'attaque — comme au fleuret — veut bien dire que l'attaque prime sur la défense. Le jeu a surtout beaucoup évolué avec la suppression de la flèche, c'est-à-dire que le règlement interdit désormais de pouvoir croiser les jambes. Il n'y a plus ces courses effrénées d'un bout à l'autre de la piste", explique-t-il.
Un bon spécialiste doit d'abord "être bagarreur". Ensuite, si on n'est pas capable de décrypter le jeu de son adversaire très vite, alors on finit aux vestiaires, car c'est l'adversaire qui impose son jeu. Cela influe beaucoup sur le caractère des sabreurs, qui sont en général des personnes prenant des décisions très rapidement, qui ont une forte capacité d'analyse", termine Lamour.