Étiquette : histoire

  • La Salle d’Armes du Cercle National des Armées : plus d’un siècle d’héritage

    La Salle d’Armes du Cercle National des Armées : plus d’un siècle d’héritage

    La salle d’armes du Cercle militaire, fondée en 1892, est l’une des plus anciennes salles d’armes de Paris. De ses origines militaires à son statut de club d’escrime ouvert à toutes et tous. L’histoire de cette institution emblématique qui a marqué l’escrime française et parisienne se raconte ici.

    L’art des armes, et particulièrement l’escrime, a toujours tenu une place de choix à Paris. Dès la fin du XIXe siècle, la capitale comptait plus d’une vingtaine de salles d’armes, dont certaines jouissaient d’une véritable importance, avec des maîtres réputés tels que Mérignac ou Pons. C’est dans ce contexte effervescent qu’est née, en 1892, notre salle d’armes.

    Origines et Évolution

    Initialement, la salle d’armes du Cercle militaire était l’héritière de la salle d’armes du Cercle de garnison de Paris créée en 1880. Sa première installation principale se trouvait au 49, avenue de l’Opéra, complétée par une salle annexe située à la caserne du 37, rue de Bellechasse. Cette dernière était purement militaire. L’enseignement de l’escrime était devenu obligatoire dans tous les corps de troupe après 1870. En 1873, une École militaire de gymnastique et d’escrime avait même été créée à Joinville pour former les maîtres d’armes. Des maîtres comme le Maître Auriol, installé rue de Laborde près de Saint-Augustin, ou le Maître Dodivers, qui dirigera la salle pendant 35 ans à partir de 1920, ont grandement contribué à la formation et à la renommée de l’escrime militaire.

    Défis et Croissance

    La salle de l’Opéra, dirigée par le maître Ringuel, accueillait des officiers, avec une cotisation annuelle de 60 Francs en 1891, passant à 100 Francs en 1908. Si des améliorations ont été apportées, notamment l’installation d’un téléphone en 1891, les premières années furent aussi marquées par des défis. Des polémiques sur les dépenses, le prix et la qualité des fournitures ont eu lieu, et des soucis comme le manque d’eau chaude pour les douches étaient fréquents. Malgré ces aléas, le nombre d’escrimeurs augmentait, passant de 40 en 1897 à 72 en 1901. Le Cercle militaire organisait des rencontres fréquentes, dont un assaut annuel en 1894 avec 1000 cartons d’invitation et 200 invitations supplémentaires pour les dames.

    L’installation place Saint-Augustin

    Un tournant majeur survient en 1927. Le Cercle National des Armées absorbe le Cercle de garnison, entraînant la deuxième installation de la salle d’armes au 8, place Saint-Augustin. Ces locaux, situés au premier sous-sol, avaient été prévus par une loi du 16 avril 1924. Après les affres de la guerre, notamment l’occupation allemande qui a forcé la salle à déménager temporairement rue Blanche, les activités ont repris leur cours habituel. La salle a vu défiler de nombreuses personnalités, dont des présidents marquants comme les généraux Gourbeaud et Costes, ou des maîtres de renom comme Samson Dodivers. Des événements sportifs notables, comme le challenge de Bâle remporté en 1937 par le capitaine Coutrot, le lieutenant Dulieux et le lieutenant Ferri, ont jalonné cette période.

    L’arrivée des femmes dans l’escrime

    À partir des années 1960, la salle d’armes, toujours en prise avec les évolutions de la société, a commencé à intégrer des femmes escrimeuses dans ses rangs, marquant une évolution significative dans l’histoire de l’institution. Cette inclusion a non seulement enrichi la diversité des membres, mais a également apporté une nouvelle dynamique et des succès sportifs notables. 

    Programmes et initiatives actuels

    Aujourd’hui, la salle d’armes du Cercle National des Armées est une association régie par la loi de 1901. Elle est ouverte à toutes et à tous comme club d’escrime et de culture physique. Pour l’exercice 2023-2024, elle comptait 270 membres, et accueille de nombreux jeunes, des poussins aux cadets, perpétuant ainsi une tradition séculaire de l’escrime à Paris. En 2025, plus de 300 inscrits (adultes et enfants) croisent le fer toute la semaine.

    La salle propose une variété de programmes pour attirer et former de nouveaux membres, incluant des cours pour les jeunes, des compétitions régulières, et des événements sociaux qui renforcent l’esprit de communauté. Les initiatives pour attirer de nouveaux membres incluent des stages d’initiation, des démonstrations publiques (notamment l’été et/ou pendant les périodes olympiques), et des collaborations avec des écoles locales pour promouvoir l’escrime comme un sport accessible et enrichissant.

    La salle d’armes du Cercle National des Armées continue de perpétuer un héritage riche et varié, tout en s’adaptant aux évolutions modernes pour rester un pilier de l’escrime à Paris.